Comment faire ses semis au chaud ?
Quand le printemps approche, tous les jardiniers ont la même excitation : après des mois d’hibernation, la saison arrive ! 👨🌾 C’est à ce moment-là qu’on se remet à penser de façon plus régulière au jardin. Et qu’on planifie ce qui sera cultivé et quand au potager. Se pose donc la question des semis, en pleine terre ou en godets. Intéressons-nous aux semis au chaud, bien utiles pour cultiver certains légumes qui n’aiment pas le froid ou dont le temps de développement est long.
Pourquoi faire des semis au chaud ?
Toutes les graines peuvent être semées en pleine terre. Directement en place au potager, c’est bien là leur fonction principale : lever dans un environnement naturel, quand les conditions climatiques sont réunies, pour perpétuer l’espèce. Vous pouvez donc, si vous n’êtes pas pressés, choisir de tout cultiver en place, en respectant les besoins pour chaque légume et en faisant des choix en fonction de votre climat. Mais si vous souhaitez diversifier et/ou optimiser un peu plus vos récoltes, l’option des semis au chaud est vraiment intéressante. 🌱
Quels légumes sont concernés ?
Il y a une grande variété de légumes qui sont concernés par les semis au chaud, que ce soit pour des raisons de chaleur ou pour gagner du temps. Petit tour d’horizon.
Besoins en chaleur
Les légumes suivants sont semés au chaud car ils ont besoin de chaleur pour lever et se développer correctement.
- Aubergine : C’est un des légumes cultivés qui demande le plus de chaleur, notamment pour la levée (24-25°C). Le semis au chaud se fait en général 60 jours avant le repiquage des plants au jardin. 🍆
- Céleri : C’est un légume qui nécessite beaucoup de soins pour la levée car il a besoin de chaleur (16°C minimum), d’une humidité constante et croît lentement. Il est en général semé 60 jours avant la plantation au jardin. 🥬
- Concombre / Cornichon : Le concombre aime lui aussi que la température soit clémente pour lever de façon homogène. Il est conseillé d’avoir une température de 16°C minimum lors du semis. Il est en général semé 30 jours avant la plantation au jardin. 🥒
- Courgette / Courge : L’ensemble des variétés de courges et courgettes aiment une température d’environ 18-20°C pour lever de façon rapide et homogène. Elles sont en général semées 30 jours avant la plantation au jardin.
- Melon : Le melon étant exigeant en chaleur, il est démarré au chaud à une température d’environ 20°C. Il est semé 30-45 jours avant la plantation au jardin pour avoir le temps de grandir mais ne pas végéter dans les godets.🍈
- Patate douce : C’est un légume qui a besoin de chaleur (environ 20°C) pour démarrer. Et qui nécessite du temps une fois en place pour faire grossir ses racines. Il est conseillé de les démarrer 60-90 jours avant la plantation au jardin.
- Poivron / Piment : Les poivrons et piments sont aussi exigeants en chaleur. Il ont besoin d’une température d’environ 20°C pour lever et sont en général semés 60 jours avant le repiquage. 🌶
- Tomates : La tomate étant très cultivée dans nos jardins, c’est un des premiers légumes semé au chaud. Ça tombe bien, elle lève facilement à partir de 16-17°C. Elle est aussi semée en général 60 jours avant la plantation et peut-être repiquée en godets plus gros en milieu de croissance.🍅
Meilleure surveillance et gain de temps
Je sème les légumes suivants directement en pleine terre mais il y a quelques intérêts à démarrer leur culture au chaud. L’avantage numéro 1 est de gagner un peu de temps au printemps (30 jours environ). Mais c’est aussi très intéressant pour surveiller la levée et préserver les plants des ravageurs (au moins un temps) en attendant que la terre se réchauffe au jardin. Presque tous les légumes peuvent rentrer dans cette catégorie, aussi je ne vais présenter que les plus courants :
- Chicorée / Frisée / Scarole : Ces légumes se cultivent pour être récoltés à l’automne. L’avantage de démarrer leur culture en godets est de gagner environ 30 jours à une période où le jardin est rempli d’autres légumes. C’est donc plus une question de place.
- Chou : Tous les choux sont inclus dans cette catégorie car il est intéressant de pouvoir démarrer le semis un peu en avance (30 jours). Ainsi les plants se développent bien avant récoltes (chou pommé, chou de Bruxelles) . Ils pourront commencer à se développer sans craindre les grosses chaleurs (chou rave, chou brocolis et chou-fleur). Et ils sont préservés de l’altise qui abîme le feuillage et ralenti la croissance.
- Épinard : J’utilise le semis en godets pour l’épinard de variété « de jours courts » (cultivé en automne) car il peut démarrer sans occuper une place au jardin, à une période ou chaque cm² est occupé.
- Laitue : La laitue se sème au chaud (mais pas trop chaud non plus) pour gagner du temps (30 jours) au printemps et hâter la production à une période où la verdure est encore rare.
- Mâche : Comme pour les épinards et les chicorées, la mâche peut être semée en godets pour éviter de prendre de la place au jardin. Elle sera ensuite repiquée quand de la place sera libérée.
- Oignon : L’oignon se sème en terrine environ 60 jours avant repiquage car c’est une culture qui se développe lentement. Si vous ne voulez pas attendre, la plantation de bulbilles est recommandée et beaucoup plus facile.
- Poireau : Le poireau demande du temps pour se développer. Il faut le semer tôt pour qu’il ait le temps de se fortifier avant la plantation. Comme c’est un légume exigeant, il est conseillé de démarrer le semis dans un récipient bien ouvert au fond pour pouvoir les faire fortifier en posant le récipient directement sur la terre avant plantation.
- Poirée / Bette : C’est un légume facile à semer même en pleine terre mais qui peut être semé en godets pour gagner un peu de temps. C’est n’est pas indispensable car il peut aussi survivre à des hivers rigoureux et repartir de lui-même au printemps.
Les légumes déconseillés
Il y a aussi des légumes qui supportent mal le repiquage ou pour lesquels il n’est pas intéressant de semer au chaud car ça prendrait beaucoup de place. En voici quelques uns :
- Ail / Oignon / Échalote : Pour les bulbes de ces variétés, il n’y a aucun intérêt à démarrer au chaud car ils démarrent facilement en pleine terre.
- Carotte : La carotte n’aime pas le repiquage et, en même temps, on ne va pas se compliquer la vie avec de si petits plants. Le semis en pleine terre n’est pas le plus simple mais reste la meilleure solution pour de belles carottes.
- Fève / Haricot / Pois : Ces légumineuses sont à semer en pleine terre, que ce soit à l’automne (fèves dans certaines régions) ou au printemps suivant les régions. On procède de cette façon car il n’y a aucune difficulté à les semer directement vue la taille des graines.
- Pomme de terre : Pour la pomme de terre, c’est logique, il est difficile de concevoir une patate en godet :). Planter directement en pleine terre et arrangez-vous pour ne pas planter trop tôt car elles n’aiment pas les gelées. 🥔
- Radis : Un peu comme la carotte, je n’ai jamais vu quelqu’un repiquer un radis. La densité importante du semis fait qu’il faudrait cultiver des étagères entières en intérieur pour une petite récolte. Comme le radis lève vite et qu’il est assez résistant, il n’y a pas de raison de le cultiver au chaud.
Les semis au chaud, comment faire ?
Semer au chaud est une opération relativement simple pour peu qu’on respecte quelques points importants.
Choix du contenant
Il est important de bien choisir le contenant avant de semer. On pourra utiliser une terrine pour un semis dense qui sera ensuite repiqué (poireaux, oignons, laitues, tomates dans certains cas…), des godets individuels si on ne sème pas beaucoup de pieds ou des plaques de culture si le besoin est plus important.
Au-delà du récipient en lui-même, il faut ajuster le volume de terre au temps que le plant passera en au chaud avant d’être replanté. Pour éviter qu’un plant de tomate qui sera 2 mois en godet ne dépérisse, il faut mieux lui choisir un contenant assez grand (ou faire plusieurs repiquages, j’en parlerai plus bas).
Les plaques de culture
J’utilise, en plus que quelques terrines (qui sont de la récupération), 3 tailles de godets en fonction des besoins. J’ai choisi des plaques de culture rigides ayant toutes la même taille pour faciliter la manutention.
Je les achète chez Magellan bio depuis quelques années et elles vieillissent très bien : plaque de culture avec plateau.
Je n’achète pas les plaques de dépotage car ça se fait très bien à la main.
Voici les tailles que j’utilise :
24 trous ronds (prof.70 mm, diam.75 mm)
Pour les tomates, poivrons, aubergines qui passent 2 mois au chaud
54 trous ronds (prof.55 mm, diam.50 mm)
Pour les choux, courges, courgettes, melons, concombres en priorité puis poirées, laitues… suivant la place qu’il me reste ou en début ou fin de saison quand les plaques sont peu utilisées.
104 trous ronds (prof.46 mm, diam.30 mm)
Pour les poireaux, laitues, mâche, épinards, poirées, chicorées.
Choix du terreau
Pour cette étape je ne me prends pas trop la tête, aucun semis n’a raté à cause du terreau.
Soit j’ai des reste de fumiers bien décomposés dont je peux me servir (comme à la suite d’une couche chaude), soit j’achète de la terre végétale sans tourbe (mais ça fait des années que je n’en ai plus besoin). Dans le 1er cas, il faut faire attention à ce que le fumier n’ait pas été un support d’adventices les années précédentes sous peine de désherber constamment les semis.
Pour être autonome en terreau, j’utilise surtout du fumier frais que je composte. J’ai écris un article qui explique comment utiliser le fumier au potager si vous souhaitez creuser le sujet.
Mise en place des semis
Une fois que vous avez tout choisi, voici les quelques étapes à suivre :
- Remplissez votre contenant aux ¾ de terreau en tassant légèrement.
- Déposer vos graines dans les emplacements. Vous pouvez, soit en mettre 1 par emplacement, soit en mettre plus pour gagner de la place mais attention à ce que le contenant soit assez grand pour alimenter tout le monde.
- Recouvrez les graines de terreau. Il vaut mieux ne pas trop enterrer les graines pour qu’elles puissent voir la lumière, car c’est une des 3 composantes de la levée (avec la chaleur et l’humidité).
- Arrosez copieusement le substrat la 1ère fois pour que ça reste humide jusqu’à la levée (ou presque, ça dépend des conditions). Si vous avez des plaques de culture, vous pouvez remplir d’eau le plateau de support et laisser le terreau s’imbiber doucement, sans brasser les graines dans tous les sens.
- Entreposez vos semis au chaud et à la lumière. C’est très important que la lumière soit homogène dans la pièce choisie car si elle ne vient que d’une seule source (une fenêtre par exemple), les semis vont se pencher et s’étioler.
Entretien
Dans une 1er temps, il faut surtout veiller à ce que je terreau soit toujours humide pour permettre une bonne levée. Une fois les plants levés, vous pouvez attendre que la motte soit sèche en surface avant d’arroser.
Quand les graines ont levées, il faut sortir les semis autant que possible pour les fortifier. Choisissez d’abord des journées où les températures sont douces pour éviter les chocs thermiques et évitez le plein soleil.
C’est une étape importante mais qui demande beaucoup de manutention car on sort les plants le matin et on les rentre le soir. Et plus la date du repiquage approche plus on le fait souvent… 🙂
Astuce
Pour les tomates, vous pouvez choisir entre gagner de la place ou minimiser les interventions. Je m’explique.
Si vous avez peu de place, vous pouvez semer les tomates en 2 temps, d’abord en terrine puis repiquer chaque pied en godet environ 30 jours après le semis.
Par contre, vous aurez 2 interventions à faire. Sinon, semez directement en godet (plusieurs graines si vous voulez être sûr de vous) et laissez les 60 jours sans repiquage. Il vous faudra plus de place. A vous de choisir.
Avantages et inconvénients des semis au chaud
Avantages
Les principaux avantages sont les suivants :
- Possibilité de gagner du temps sur le démarrage de vos cultures en semant au chaud, avant que la terre ne soit à bonne température à l’extérieur. Le repiquage se fera lorsque celle-ci sera réchauffée. Par exemple, on peut gagner 2 mois pour la culture de la tomate en semant mi-mars au chaud et en repiquant mi-mai à l’extérieur. Sympa si on veut pouvoir en manger avant l’automne 🙂
- La surveillance des semis est idéale, on peut s’assurer que tout se passe bien sans même mettre le nez dehors. On permet aussi aux jeunes plants de se soustraire aux prédateurs tels que limaces, altises… Il faudra être vigilant lors du repiquage par contre, car il génère un stress important chez la plante qui peut se retrouver vulnérable au moment de la reprise.
- L’arrosage (qui peut faire parti de la surveillance vous me direz…), est facilité. Si vous faites les choses correctement, il n’y aura ni trop, ni trop peu d’eau pour vos plants.
- On utilise une moins grande quantité de graines car la levée est plus homogène du fait des conditions optimales.
Inconvénients
Au rayons des inconvénients, il y en a aussi quelqu’un :
- On ne peut pas partir en vacances trop longtemps entre mars et mai, sauf si on trouve une âme charitable qui accepte de venir arroser les semis en votre absence. C’est facile à organiser pour quelques godets, beaucoup moins quand on a plusieurs étagères remplies de semis.
- Il faut bénéficier d’un endroit avec des conditions particulières : 20°C environ dans la pièce et surtout une bonne luminosité, si possible avec plusieurs sources de lumière. On voit souvent des semis posés devant une baie vitrée qui est l’unique source de lumière. Dans ce cas, les semis ont tendance à s’étioler et s’étirer vers la source de lumière.
Enfin…
Voilà j’espère que je ne vous ai pas perdu au fil de l’article. 😊 Il est long mais je souhaitais aller dans le détail car on me pose souvent des questions sur les semis.
N’hésitez pas à me dire si vous avez appris des choses ou si vous avez des techniques différentes. Bon semis
4 commentaires
Stour
Bonjour, à une époque où les sites demandent de plus en plus souvent d accepter les cookies avant de pouvoir accéder à leurs infos, merci de livrer vos astuces et conseils sans condition.
louis rutherford
pour les tomates: je récupère des pots le plus grand possible ( entre 30 et 40 cm!). je découpe le fond.
sur le lieu de plantation préalablement labouré, je pose ces pots en ligne et espacés de 50 cm.
je les rempli de la terre récupérée dans l’allée (entre 2 rangs de plantation) à laquelle j’ajoute la moitié de terreau.
je repique les plants de tomates.
de ce fait elles bénéficient d’une grande profondeur de bonne terre, celle du sol plus celle du pot.
je paille.
les pieds deviennent plus robustes, on controle mieux l’arrosage et surtout on évite la prolifération des mauvaises herbes !
au lieu des tuteurs, j’étale un grillage fixé à des piquets de cloture!
personnellement je ne taille pas les gourmands mais … ça se discute!
par contre je retire les 2 feuilles du bas de chaque planc.
j’utilise du purin d’ortie mais jamais de bouillie bordelaise qui fini par saturer le sol .
grace à cette méthode j’obtiens un tiers de récolte en plus par rapport à celles qui sont repiquées sans les pots.
voilà, c’est tout.
Thomas - Au refuge des graines
Super, merci pour le partage de votre méthode de culture.
Nicole Camille
Merci Thomas pour cet astuce ; je suis une adepte de la culture en pot planté, mais je coupe pas le fond, j’agrandis certains trous.
Belle journée et belle récolte
Nicole