Permaculture,  Techniques de jardinage

Comment utiliser le fumier au potager

Le potager est un espace où nous cultivons de nombreuses plantes, plus ou moins gourmandes. Si l’espace est optimisé, alors l’enchaînement des cultures peut générer des carences dans le sol. Pour amener « à manger » aux légumes du potager, le fumier est une option intéressante, mais il convient de respecter quelques règles.

Le fumier, c’est quoi ?

Déjà, pour être certain de parler de la même chose, le fumier est “le mélange des litières (paille, fourrage, etc.) et des excréments des animaux d’élevage, utilisé comme engrais.”

Une fois que c’est dit, intéressons-nous aux différents fumiers et à leurs applications.

Les fumiers animaux dépendent des animaux

Les fumiers des animaux ont des compositions variées et peuvent donc avoir des applications différentes. Je précise ce que chaque fumier peut apporter mais je vous suggère de mettre en pratique le principe de permaculture qui dit : « un déchet est une ressource inexploitée ». Je vous invite donc en premier lieu à vous renseigner autour de vous pour savoir si certains fumiers peuvent être disponibles.

Fumier de bovins

La bouse de bovins (vaches, veaux, bœufs…) est un fumier à décomposition lente. Il apporte donc des éléments au sol de manière étalée dans le temps, à l’inverse du fumier de volaille.

Il est utilisé en apport de fond, directement sur le sol ou très légèrement enfoui (besoin d’oxygène pour décomposer les matières organiques).

Attention, dans certains élevages le recours aux antibiotiques est fréquent et les molécules peuvent persister dans le sol. Le mieux est d’échanger avec l’éleveur pour mieux connaître les pratiques.

Notre utilisation : ponctuellement en paillage au cours de l’hiver ou en amendement avec du fumier décomposé au printemps (mais la ressource est difficile à trouver en bio chez nous).

Fumier de cheval

Le crottin de cheval est un fumier qui se décompose rapidement et monte vite en température. On l’utilise tous les ans pour créer une couche chaude qui nous permet de hâter nos récoltes.

Le fumier de cheval est souvent mélangé avec de la paille (la litière des chevaux), ce qui est intéressant lorsqu’on l’utilise en paillage. Il est d’ailleurs important que le fumier soit paillé pour bien se décomposer, surtout s’il est en tas, car la présence d’oxygène est indispensable à la bonne décomposition des matières organiques.

Il faut éviter de prendre un fumier après traitement contre les coliques ou vermifuge. On ne le sait pas toujours mais parfois en échangeant il est possible d’avoir l’information.

Notre utilisation : en paillage frais ou composté depuis quelques mois à l’automne ou au début du printemps (la meilleure période pour en récupérer car les chevaux passent souvent l’hiver en box ou sous abri).

Fumier de mouton et de chèvre

Le guano de mouton ou de chèvre est un fumier riche en potasse mais globalement équilibré. Sa composition le rend intéressant pour aider les légumes à fructifier.

C’est un fumier qui a une bonne capacité de chauffe et qui peut être utilisé en couche chaude lorsqu’il est bien paillé.

À noter qu’il est même possible d’utiliser la laine de mouton en engrais et en paillage au potager. Certaines personnes l’utilisent lors de la plantation d’arbres ou d’arbustes pour protéger les racines des campagnols. Dans ce cas, la laine remplace un grillage autour des racines.

Notre utilisation : en paillage ponctuel sur quelques planches de cultures car nous n’avons pas accès à beaucoup de fumier de mouton ou de chèvre.

Fumier de volailles, poules…

Le fumier de volailles est très azoté et l’azote est rapidement minéralisée, ce qui en fait un apport “coup de fouet” un peu à l’image d’un purin d’ortie. Il faut en épandre de petites quantités et éviter de le positionner trop proche des végétaux pour ne pas les griller.

Malgré tout, c’est un engrais équilibré car il donne de bons apports en potasse et phosphore (au-dessus des autres fumiers).

Il est donc important de ne pas avoir la main trop lourde pour éviter une sur-fertilisation qui entraînerait un déséquilibre important du sol.

Notre utilisation : en paillage directement sur des plates bandes d’arbres et arbustes tout au long de l’année, lors du nettoyage du poulailler.

Différents types de fumiers

Même si les fumiers sont de nature différente, certaines précautions se rejoignent quant à leur utilisation.

Fumier frais

Le fumier frais est un fumier qui a moins d’un mois. L’intérêt de ce fumier est d’apporter l’ensemble des nutriments que le compostage (avec montée en température) peut dégrader. 

Malgré tout, il est très peu souvent recommandé, du fait de pathogènes potentiels.

Quand l’utiliser ? On utilise le fumier frais de préférence à l’automne, au cours de l’hiver ou au début du printemps, directement sur le sol en paillage. Il va protéger le sol en même temps que le nourrir et il ne sera pas en contact avec les légumes au potager. Il est difficile de l’utiliser en paillage autour de légumes en place.

Fumier composté

C’est un fumier qui a été composté pendant environ un an, souvent en tas. C’est un fumier plus compact et dans lequel il est plus facile de semer. Il est aussi plus facile de le transporter car les quantités sont moins importantes à transporter qu’un fumier frais (qui va énormément réduire).

Il est par contre plus difficile de trouver du fumier déjà composté, ce qui implique d’avoir suffisamment de place dans son jardin pour procéder au compostage.

Quand l’utiliser ? Idéalement au printemps comme support de semis (s’il est bien décomposé) ou lors de la plantation en amendement. Il peut aussi être utilisé pour les semis en godets s’il est suffisamment décomposé.

Et nous, comment utilise-t-on le fumier dans notre potager ?

Nous souhaitons ici vous partager la façon dont nous utilisons le fumier dans notre jardin. Ce n’est pas ce qu’il faut faire, c’est uniquement un retour d’expérience.

Nous utilisons en majorité du fumier de cheval et de poules car ce sont les ressources disponibles dans notre environnement proche (tout est à moins d’1 km).

Fumier pour couches chaudes

Nous récupérons du fumier de cheval en février pour créer 2 châssis sur couche chaude. Ces 2 châssis nous permettent de cultiver des légumes primeurs un peu plus tôt en saison.

Fumier au potager

Nous stockons du fumier de cheval en mars/ avril qui se composte sur l’année et accueille (2 mois après l’entreposage) des cultures de cucurbitacées.

Nous étalons sur les planches (compostage de surface) sur lesquelles nous cultivons des légumes d’été (tomates, courgettes…), tous les 2-3 ans, du fumier de cheval frais.

Fumier pour semis

Nous récupérons le fumier décomposé des châssis en février/ mars de l’année suivante. On conserve la couche supérieure (la mieux décomposée) pour les semis en godets. La couche moins décomposée est utilisée dans la serre ou sur certaines planches avec semis et ou plantation en avril/mai.

Fumier pour arbres et arbustes

Nous récupérons le fumier de poules que nous ajoutons aux arbres et arbustes toute l’année et aux planches de potager en hiver.

Nous espérons que ce retour d’expérience vous donnera des pistes pour utiliser les ressources que vous avez à votre disposition au mieux et prendre soin de votre sol.

Jardinier amateur et passionné par tout ce qui tourne autour du jardin. J'aime partager ma passion au travers d'articles et de vidéos.

10 commentaires

  • gilliard

    bonjour, j’ai lu avec attention votre article sur l’utilisation du fumier. Je me posais néanmoins une question: on ne parle jamais de l’utilisation possible des toilettes sèches. Depuis 1 ans et demi, je parsème mes bacs de culture avec cette matière (copeaux de bois et excréments compostés pendant un an). Pourriez vous faire un article sur le sujet, cela intéresserait sans doute les jardiniers qui n’ont pas forcément accés aux ressources de fumier de proximité? Avec d’avance mes remerciements!!!

    • Thomas - Au refuge des graines

      Bonjour Patricia,
      C’est effectivement un sujet qui me semble très intéressant. Je suis en cours de réflexion pour aménager des toilettes sèches au mieux chez moi (à l’intérieur). Du coup je n’ai pas encore assez de recul pour écrire un article sur le sujet mais quand j’aurais testé, je le ferai certainement car c’est une ressource trop souvent négligée et les toilettes sèches ont le double avantage de créer une ressource de fertilisation et de réduire la consommation d’eau (chasse d’eau mais aussi traitement des déchets). Je suis d’ailleurs intéressé de connaitre votre expérience sur le sujet.
      Bonne journée,
      Thomas

  • Genard

    Bonjour, votre site est sympa et instructif avec une bienveillance tangible ce qui n’est pas pour déplaire. Je voudrais réagir à l’article mais aussi et surtout au commentaire ci-dessus relatant les « toilettes sèches ». Pour ma part, le fumier le fumier le plus accesible est le fumier humain. En effet, nous sommes équipés de toilettes sèches à notre domicile. Toilettes dont la litière est composée de sciure, copeaux où bois broyé par mes soins selon les possibilités et qualités d’ approvisionnement. Le fumier est ensuite stocké tel quel dans de gros composteurs. Je l’utilise ensuite en amendement au printemps en couverture sur plusieurs centimètres d’épaisseur. Pour 2023, je voudrais réaliser une couche chaude pour y entreposer des semis en godets avec notre « propre » fumier. J’en profite alors pour réagir également à votre article traitant des couches chaudes. La ressource est à proximité immédiate et elle chauffe de manière significative. Je souhaiterais que vous réagissiez si vous décelez d’éventuelles erreurs ou incohérences. Mon procédé de rélaisation sera le suivant. Un premier cadre en bois de 1200/80/60 posé sur du carton à même le sol renfermera un second de 80/60/20 posé sur environ 50 centimètres de fumier. L’interstice laissé entre les deux cadres sera comblé par un du fumier où un matériau végétal isolant. Les deux cadres seront surmontés d’une mini-serre chacun. Je prévois d’ajouter du BRF et de la tonte au fumier afin de favoriser la chauffe via le gazon d’une part mais également concerver une certaine inertie thermique grâce au BRF, notre fumier étant très majoritairement constitué de copeaux de bois. Merci d’avance pour les réactions où conseils que vous pourrez ou voudrez bien faire. Ce projet est le fruit d’une reflexion qui je l’espère ne comporte que peu de défauts, même si il en aura forcément étant donné que ça sera la première fois que je constrirai une couche chaude. Bien à vous.

    • Thomas - Au refuge des graines

      Bonjour,
      Merci pour votre message. Je suis bien d’accord avec vous, le fumier humain est le plus accessible et son utilisation nous permet de le passer de déchet à ressource (un des principes de permaculture d’ailleurs). Par rapport à votre procédé, la question que je me pose est la fraicheur du fumier. Le « souci » du compost de toilettes sèches est que la matière est disponible au fur et à mesure alors que pour faire une couche chaude il faudrait beaucoup de matière fraiche d’un coup. Ce que je compte tester et qui se rapproche de votre expérimentation, c’est d’intégrer le compost des toilettes sèches dans le fumier frais de cheval au moment du démarrage de la couche chaude. J’y vois 2 avantages : réduire les besoins en fumier de cheval et faire monter la litière de toilettes sèches à haute température (90°C au cœur du tas pour le fumier de cheval) pour tuer un maximum de germes.
      J’espère que ma réflexion amènera de l’eau à votre moulin. En tous cas merci du partage.
      Bonne journée
      Thomas

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