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Quels supports de culture utiliser au potager ?

Quand on commence un potager, ou qu’on fait évoluer le sien, on se pose toujours la question de la façon dont on va cultiver. Du champ labouré chaque printemps à la butte de culture permanente, les idées ne manquent pas. Et comme il y a autant de façon de cultiver que de jardiniers, les critères de choix sont nombreux. Voici mon retour d’expérience.

Qu’est-ce qu’un support de culture ?

Le support de culture est l’espace sur lequel vous allez implanter vos légumes, qu’ils soient annuels ou vivaces. C’est un point à aborder suivant vos besoins/envies mais aussi votre contexte. Le choix ne dépendra donc pas que de critères extérieurs mais aussi de vous, et de la façon dont vous appréhendez la culture au potager.

Comment choisir un/des support(s) de culture pour votre potager ?

Maintenant que vous savez que vous voulez faire un potager, que vous avez observé votre terrain et que vous en connaissez les points forts et les points faibles, vous vous posez la question du support de culture. Vous avez forcément entendu parler des buttes de culture dont tout le monde parle en permaculture. Mais il n’y a pas que ça.

Je vais lister ici les critères de choix qui me semblent les plus importants pour vous aider à choisir, sachant qu’il n’y a pas de vérité mais plutôt des propositions.

Temps/travail de mise en place

C’est un critère important car il est en lien avec le temps dont on dispose pour ce projet mais aussi non de nos capacités physiques. Si on a du temps (mais pas en décembre hein😉) , qu’on est en pleine forme et qu’on a plein d’amis sur qui compter, on ne fera pas la même chose que si on est seul, avec un boulot à temps plein.

Densité de culture

Est-ce que vous voulez produire beaucoup et donc optimiser la place cultivée, ou est-ce que la quantité de nourriture produite par mètre carré n’est pas un critère important pour vous ? Tous les supports de culture n’offrent pas les mêmes densités.

Utilisation d’outils/machines

Est-ce que vous avez prévu d’utiliser des machines pour vous aider dans la culture de votre potager ? Que ce soit un motoculteur de famille ou des semoirs spécifiques, il est bon de faire la liste des outils que vous souhaitez utiliser. Il ne faut pas tomber dans des dogmes qui nous font croire que les machines c’est mal et que tout ce qui est manuel est bon. Dans certains cas, l’utilisation d’une machine sur une tâche précise et ponctuelle peut avoir du sens, c’est à chacun d’en décider.

Travail du sol ou non

Est-ce que vous souhaitez (ou non) travailler votre sol dans vos supports de culture? Si vous souhaitez le travailler tous les ans de façon mécanique,
ne délimitez pas vos espaces de cultures (bordure en cailloux, planches de bois…). Si par contre vous préférez le travailler le moins possible, ou de façon manuelle, préférez des planches bien délimitées sur lesquelles vous ne marcherez pas.

Votre climat

C’est un critère important selon moi : le climat de votre jardin/région. Il résulte de surtout de l’observation de votre terrain et vous permet de définir des sous-critères :

  • La pluviométrie de votre région, mois par mois car il peut y avoir de grandes différences.
  • Les températures estivales par chez vous.
  • Les vents qui pénètrent sur votre terrain et par quel endroit.
  • Le ruissellement des eaux, notamment lors d’orages.

Ces caractéristiques vous aideront à choisir vos supports de culture car ils définissent les éléments auxquels ils devront faire face.

La composition de votre sol

Je vais simplifier l’approche car on pourrait écrire des pages sur ce sujet. L’idée ici est d’identifier si votre sol appartient à une des 2 catégories suivantes :

  • Sol lourd, argileux, qui retient bien l’eau mais est sujet au tassement.
  • Sol léger, sableux, qui retient peu l’eau mais qui ne se tasse pas.

C’est un peu caricatural car il existe beaucoup de variations dans la composition d’un sol mais ça permet d’avoir une première approche qui vous aidera dans le choix de vos supports.

Esthétique

Ce critère ne s’explique pas car il est très personnel. Je pense qu’il est important, pour avoir envie de passer du temps au potager, mais aussi pour le plaisir des yeux, que vous trouviez sa disposition esthétique.

Les principaux supports

1. Terrain labouré

C’est le type de support le plus répandu dans nos jardins. En général, le motoculteur est passé au printemps, affinant la terre et permettant de semer ou replanter les légumes facilement.

terrain labouré
Terrain labouré
Avantages Inconvénients
Bonne densité de culture au mètre carré en limitant les zones de passage La destruction du travail de la faune du sol chaque printemps
Le travail de préparation est moins long que sur d’autres systèmes (mais il est à faire tous les ans…) On remue les graines d’adventices à la surface où elles peuvent germer. Il faut prévoir du désherbage.
La propagation du liseron par découpage des racines
La gestion de l’enherbement n’est pas évidente
Le tassement peut être important, surtout si la terre est argileuse.

2. Planches permanentes

Les planches permanentes sont le plus souvent utilisées en maraîchage car elles permettent de créer des zones de cultures permanentes adaptés aux outils/machines. Elles sont en général légèrement surélevées et en 75cm de large.

Avantages Inconvénients
Pas de tassement du sol car on ne marche pas sur les planches Il peut y avoir de l’érosion si les planches ne sont pas couvertes
Bonne densité de culture au mètre carré en limitant les zones de passage La mise en place demande de l’énergie et une compétence technique, voire des machines
Pas de destruction systématique du travail de la faune du sol (parfois superficielle) Gestion de l’enherbement des allées pas évidente

3. Planches encadrées

Les planches encadrées sont des planches permanentes non surélevées mais délimitées. Elles le sont généralement par du bois pour éviter d’avoir une épaisseur trop importante. Je préconise des planches d’un maximum d’1,20m pour pouvoir accéder au centre de la planche sans poser le pied dans la zone de culture.

planches encadrées
Planches encadrées
Avantages Inconvénients
Gestion de l’enherbement facilité, surtout si une petite tranchée est faite avant de poser l’encadrement. Il est facile de tondre autour des planches si les passages sont prévus pour une tondeuse. Moins bonne densité au mètre carré du fait de la largeur plus importante des passages pour la tondeuse ou la brouette.
Pas de tassement du sol car on ne marche pas sur les planches. Il faut prévoir le coût de l’encadrement (en général le bois) et le temps de mise en place.
Pas de destruction systématique du travail de la faune du sol (sauf si vous le travaillez manuellement).

4. Planches surélevées

Les planches surélevées sont des bacs, délimités et uniquement remplis de terre. Les matériaux utilisés pour le bac sont en général le bois ou les pierres.

planches surélevées
Planches surélevées
Avantages Inconvénients
Gestion de l’enherbement facilité. Il est facile de tondre autour des planches si les passages sont prévus pour une tondeuse. Le travail de mise en place est important et il faut parfois faire venir de la terre de l’extérieur. En déplaçant la terre, on détruit aussi le travail de la faune du sol.
Pas de destruction systématique du travail de la faune du sol (sauf si vous le travaillez manuellement). Le coût du bois est à prendre en compte.
Permet de créer des zones de culture sur des terrains avec très peu ou pas de terre. La planche peut plus rapidement se dessécher, surtout si la terre est sableuse et ne retient pas l’eau ou s’il y a du vent.
La terre se réchauffe plus rapidement au printemps car le soleil tape directement sur le bac.

5. Buttes de cultures

Le terme butte de culture est très souvent utilisé lorsqu’on fait référence à la permaculture. L’idée de base est d’augmenter la surface de culture en créant un dôme mais aussi de créer des microclimats propices à différents végétaux. La butte peut-être uniquement constituée de terre, comme pour les planches surélevées ou intégrer des végétaux et alors se rapprocher d’une lasagne.

buttes de culture
Buttes de cultures
Avantages Inconvénients
Pas de destruction systématique du travail de la faune du sol (sauf si vous le travaillez manuellement). Le travail de mise en place est important et il faut parfois faire venir de la terre de l’extérieur. En déplaçant la terre, on détruit aussi le travail de la faune du sol.
Permet de créer des zones de culture sur des terrains avec très peu ou pas de terre. Le transport des matériaux au centre des buttes est à prévoir (s’il y en a)
Création de microclimats en fonction du positionnement de la butte. La planche peut plus rapidement se dessécher, surtout si la terre est sableuse et ne retient pas l’eau ou s’il y a du vent.
La terre se réchauffe plus rapidement au printemps car le soleil tape directement sur le bac.
Les matériaux au centre créent de la fertilité en se décomposant

6. Lasagnes

La lasagne est un amoncellement de déchets végétaux disposés en couches successives. L’idée est d’utiliser les matériaux à portée de main (tonte de pelouse, feuilles mortes, paille, foin…) et utilisant des matériaux azotés (tonte, foin…) et carbonés (paille, feuilles mortes…) pour permettre une bonne décomposition.

On ajoute de la terre par-dessus le tout dans laquelle on va pouvoir semer et/ou planter.

Avantages Inconvénients
Les matériaux au centre créent de la fertilité en se décomposant Le travail de mise en place est important et il faut parfois faire venir de la terre de l’extérieur. En déplaçant la terre, on détruit aussi le travail de la faune du sol.
Permet de créer des zones de culture sur des terrains avec très peu ou pas de terre. Le transport des matériaux au centre des buttes est à prévoir (s’il y en a)
Création de microclimats en fonction du positionnement de la lasagne. La planche peut plus rapidement se dessécher, surtout si la terre est sableuse et ne retient pas l’eau ou s’il y a du vent.
La terre se réchauffe plus rapidement au printemps car le soleil tape directement sur le bac.

Et moi, qu’est-ce que j’utilise ?

J’ai été amené à utiliser plusieurs types de supports au cours de mes années d’expérimentation.

  1. D’abord j’ai commencé par cultiver sur un terrain labouré mais j’ai été découragé par la gestion des adventices, et notamment du liseron. 😕
  2. J’ai ensuite, surtout pour des raisons esthétiques, essayé les planches surélevées. Je pensais pouvoir les remplir en creusant les allées mais j’ai dû faire venir de la terre de l’extérieur et tout remplir à la brouette. 😫 C’est un travail qui me semble trop important même si les planches ont maintenant 5 ans et fonctionnent bien.
  3. Pour éviter d’importer de nouveau de la terre et pour ne pas perturber la faune du sol, j’ai ensuite opté pour des planches encadrées. La rapidité de la mise en place et la gestion de l’enherbement sont vraiment un plus. Je n’ai pas travaillé le sol sur ces espaces et j’ai pour le moment de bons résultats. 😍
  4. En parallèle, je crée tous les printemps quelques lasagnes et planches permanentes. Pour les lasagnes, je n’en fais pas beaucoup car je n’ai pas assez de matière à décomposer. 🤔 En ce qui concerne les planches permanentes (non surélevées), je trouve difficile la gestion de l’enherbement, la limite de la planche étant moins bien définie.🤨

Etant donné mon contexte de montagne (du vent fréquent, des hivers rigoureux et des étés chauds mais moins secs que dans d’autres régions) et mes attentes (entretien facilité, jardinage et non maraîchage), je préfère aujourd’hui utiliser des planches encadrées. Mais ça pourrait évoluer… 🙃

Les supports de culture secondaires

Il existe d’autres supports (potager en carré, bac hors sol, trou de serrure…) que vous pouvez tester si vous le souhaitez. Gardez en tête qu’il n’y a pas de solution miracle mais uniquement des options en fonctions de vos envies et de votre contexte.

N’hésitez pas à me dire si vous utilisez tel ou tel support et avec quels résultats, ça permet d’apporter de l’information supplémentaire à tous.

Jardinier amateur et passionné par tout ce qui tourne autour du jardin. J'aime partager ma passion au travers d'articles et de vidéos.

6 commentaires

  • Robillard fanny

    Bonjour thomas,
    Je m’appelle Fanny et vit dans les vosges à 800m d’altitude. Mon conjoint et moi avons commencé nos semis et fabriqué nos 2 premiers coffrage en bois. Je n’ai pas compris la différence entre les planches surélevées et encadrées, pourrais-tu m’en dire plus stp ?
    D’aprés tes photos, nous aurions construit des planches surélevées avec culture en lasagne à l’interieur.
    Notre terrain est légèrement en pente, nous conseillerais-tu de tout mettre à niveau ?

    Permaculturellement,
    Fanny

    • Thomas - Au refuge des graines

      Bonjour Fanny,
      Une planche surélevée est une planche qui est au-dessus du niveau du terrain « normal ». On peut surélever ce niveau avec de la terre, du compost ou un mélange de matières organiques comme la culture en lasagne. SI vous avez fait un coffrage et rempli de matières alors c’est plutôt une planche surélevée. Les planches encadrées n’ont pas de matières ajoutées, on cultive le terrain « normal ». La différence est mince et une planche encadrée peut se transformer en surélevée par la suite.
      Concernant la pente, il est important de prendre en compte le trajet de l’eau pour éviter qu’elle stagne à une endroit mais pour en capter un maximum par infiltration naturelle. De mon côté, j’ai aplani certaines zones et j’en ai laissé d’autres en pente.
      Bonne continuation,
      Thomas

  • Aron

    Bonjour,
    Merci beaucoup pour ces explications très claires.
    Vous avez mis des mots sur ma petite expérience.
    Votre tableau des différentes techniques avec leurs avantages et inconvénients est précieux.

    • Thomas - Au refuge des graines

      Bonjour,
      J’ai utilisé du sapin brut de scierie pour la majorité et pour certaines j’ai pu récupérer un lot de planches de chênes déclassées. Le sapin dure 6-7 ans dans ces conditions d’humidité (malgré un géotextile entre le bois et la terre), le chêne plutôt 10-11 ans.

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