Légumes,  Permaculture

Vivre en autosuffisance alimentaire, bonne idée ou utopie ?

De nombreuses personnes que je rencontre au jardin ou en dehors se tournent vers la production de leur nourriture. Il est vrai qu’avec les scandales à répétition de l’industrie agro alimentaire et les temps de crise que nous traversons, la question de l’autosuffisance alimentaire est au cœur de nos préoccupations. Mais est-ce que c’est vraiment une bonne idée ? Est-ce qu’il faut pour autant s’investir à fond dans cet objectif d’autonomie ?

Autosuffisance, qu’est-ce que c’est ?

On parle souvent d’autosuffisance mais finalement est-ce qu’on sait bien ce que c’est ? D’après le Larousse, la définition d’autosuffisant est la suivante : « Dont les ressources propres sont suffisantes pour assurer les besoins essentiels.« .

Avant d’aborder l’autosuffisance à proprement parler, il faut donc définir ce que sont les besoins essentiels. Si on reprend la pyramide de Maslow, voici les besoins qui sont définis :

  • Besoins physiologiques
  • Besoins de sécurité
  • Besoins d’appartenance et d’amour
  • Besoins d’estime
  • Besoin d’accomplissement de soi
Autosuffisance alimentaire - pyramide des besoins de Maslow
Autosuffisance alimentaire – Pyramide des besoins selon Maslow

A la base de la pyramide, on retrouve donc les besoins physiologiques dont notamment : la faim = le besoin d’une nourriture adaptée à notre santé. Il est donc assez logique qu’en parlant d’autosuffisance, une grande majorité des personnes parlent d’autosuffisance alimentaire.

Pourquoi être autosuffisant en nourriture ?

Le mouvement d’un retour à la terre pour cultiver sa nourriture est un mouvement de fond qui s’ancre dans une réalité de société : le système agroalimentaire « classique » n’est plus apte à nous fournir une alimentation de qualité mais seulement une alimentation en quantité, ce qui est bien différent.

On pourrait s’arrêter à cette alimentation car elle remplie une fonction en comblant notre faim mais ce que nous savons aujourd’hui c’est que cette nourriture industrielle et ultra transformée nous rend malades.

Donc au-delà de la quantité, nous voulons la qualité. Comme le système n’est pas apte à nous la fournir (ou de manière limitée grâce à des producteurs conscients de ces enjeux), nous prenons le relais pour auto-produire cette nourriture. Nous nous mettons en chemin vers l’autosuffisance alimentaire.

Nous aussi, c’est ces raisons qui nous ont poussés à développer notre autonomie alimentaire pour la famille, avec plus ou moins de succès 😀.

Peut-on accéder à l’autosuffisance alimentaire ?

Alors oui nous nous mettons en chemin mais est-ce que finalement l’objectif final est atteignable ? Est-ce qu’il est possible d’être autonome à 100% au niveau alimentaire ?

Pour une grande majorité de la population la réponse est clairement non. Est-ce que vous êtes en capacité de produire légumes, fruits, miel, céréales, produits laitiers et viande (si vous en consommez) ? Avez-vous le temps de produire tout ça tout en tirant un revenu décent pour couvrir vos autres besoins ? Pas facile comme équation… 🙄

En voyant l’ampleur de la tâche, beaucoup se recentrent sur l’autosuffisance en fruits et légumes (c’est ce que nous avons fait aussi). A notre niveau, nous avons aménagé notre terrain (1300m²) pour accueillir plus de légumes et nous avons planté des arbres fruitiers (pruniers, cerisiers, pommiers, poiriers…) et arbustes comestibles (groseilliers, cassissiers, baies de mai, amélanchiers…).

Nous avons avancé étape par étape et, après plusieurs années d’aménagement (et de formation au design de permaculture) et de récoltes, nous avons atteint notre limite : nous ne sommes pas capables d’atteindre une autosuffisance alimentaire à 100% rien qu’en fruits et légumes ! C’est sans appel et finalement assez logique car en plus de cultiver il faut récolter et transformer nos récoltes pour pouvoir en consommer toute l’année. Et nous travaillons à côté car notre jardin ne paye pas nos autres dépenses.

Alors certes, nous nous approchons de l’autonomie en légumes (entre 70 et 90% selon les années) mais ça nous demande une vraie organisation et de nombreuses heures au jardin et en cuisine. Mais finalement, est-ce que c’est vraiment important d’être autonomes à 100% ?

Ce qui est important c’est le chemin

Nous avons découvert, avec ces quelques années de travail pour tendre vers l’autosuffisance alimentaire que l’important n’est pas l’objectif mais le chemin. C’est vrai dans tous les domaines de la vie donc pourquoi pas au jardin ???

En nous lançant, nous étions déjà conscients des besoins de notre corps à une alimentation de qualité. Nous avions déjà déserté les grandes surfaces pour consommer local et bio. Et pourtant, nous avons beaucoup travaillé sur le contenu de nos assiettes quand même.

Car penser autonomie alimentaire amène forcément un tas de questions sur ce qu’on mange et c’est ça le plus important : se questionner sur ce qu’on met dans notre assiette. Est-ce que les aliments qu’on mange sont sains ? C’est souvent le point de départ à un changement de ce type.

Mais la réflexion tourne aussi autour de la saisonnalité des produits. Est-ce que manger des tomates, même bio, au mois de mai est logique ? Soutenable pour l’environnement ? Et est-ce que si j’ai trop de pommes de terre ou de courges je les jette ou je les consomme ?

Et est-ce qu’un légume moins joli doit être jeté ? Au jardin on mange tout le monde, même les moins bien calibrés car ils ne sont pas moins bons pour notre santé. Et comme on a choisi de faire nos graines potagères, on a tendance à laisser les plus beaux spécimens monter en graines pour reproduire les variétés 🤔.

Se poser des questions pour avancer

Comme on le voit dans ces quelques lignes, l’important est d’être amené à se poser des questions sur son alimentation en terme de qualité, saisonnalité, quantité… L’important c’est donc bien le chemin vers l’autosuffisance alimentaire qui nous amène à ces questions et pas de savoir si nous sommes autonomes à 100% ou non.

Aujourd’hui, nous cultivons une bonne partie de nos légumes (les arbres fruitiers grandissent à leur rythme) mais nous ne sommes plus dans une optique d’autonomie à 100% car elle n’est pas tenable et finalement même pas souhaitable à l’échelle de notre famille.

Mais ce chemin nous a permis de découvrir des centres d’intérêts, notamment la production de graines potagères. Il nous permet aussi d’échanger avec des nombreuses personnes sur le sujet.

Repensons le modèle pour une autosuffisance locale

Comme on l’a vu dans la pyramide de Maslow, nous avons des besoins d’appartenance et d’amour où l’affection des autres est importante. Il nous semble donc important d’éviter un repli sur soi mais de développer une collaboration locale.

Le bon modèle semble donc être un modèle où chacun participe à sa façon aux besoins de la communauté suivant ses compétences et ses centres d’intérêts. Nous sommes interdépendants et nous le resterons mais nous devons redéfinir des communautés à taille humaine et locales.

Dans ces communautés, le troc est un bon moyen d’échanger des biens et services et permet de maintenir un lien social vital pour notre bien-être.

Chacun sa route, chacun son chemin

J’espère que cet article vous a été utile dans votre propre réflexion. C’est le fruit de notre expérience et de nos réflexions mais n’oubliez jamais que nous sommes tous différents et qu’il est donc logique que nous prenions des chemins différents. Je vous souhaite de trouver celui qui vous comblera tous les jours dans votre vie.

Jardinier amateur et passionné par tout ce qui tourne autour du jardin. J'aime partager ma passion au travers d'articles et de vidéos.

4 commentaires

  • Julie

    Merci Thomas pour ce bel article! La suffisance alimentaire me fait rêver… Je suis gourmande, j’aime les bons fruits et les bons légumes. Manque de pot, je n’ai pas du tout la main verte. Si on compte sur moi pour manger ce que je produis, on a le temps d’attendre. Ahah! En tout cas, je te rejoins pleinement sur l’idée de consommation locale!

    • Thomas - Au refuge des graines

      Bonjour Julie,
      Oui en attendant en privilégiant les producteurs locaux on rapproche les lieux de production 😉.

  • BERG Jean

    Bonjour, merci pour le partage de vos connaissances. J’avais des problèmes avec mes courgettes qui ne parvenaient jamais au bout… Je sais maintenant pourquoi, elles ne sont pas pollinisées. Je me mets donc à la pollinisation manuelle en espérant que les abeilles et autres insectes veuillent bien prendre le relais. Mais pour le moment, les fleurs semblent plutôt etre un refuge à pucerons et fourmis.
    En tout cas, merci encore et beau cheminement.
    Jean

    • Thomas - Au refuge des graines

      Merci beaucoup pour votre commentaire. Est-ce que cette année ça s’est mieux passé pour vous au niveau de la pollinisation ?
      Bonne continuation au potager

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